|
Le 4 juin I960
AMÉLIORER LE SOMMEIL
Pourquoi se réveille-t-on fatigué le matin, et comment faire
pour améliorer son sommeil?
Si on se réveille fatigué le matin, c'est à cause du tamas, pas
autre chose : une niasse formidable de tamas; je m'en suis aperçue quand
j'ai commencé à faire le yoga du corps. Et c'est inévitable tant que le corps
n'est pas transformé.
Il faut s'étendre à plat sur le dos et relâcher tous les
muscles, tous les nerfs — c'est une chose que l'on peut apprendre facilement
—, faire ce que j'appelle le chiffon sur le lit : qu'il ne reste plus rien. Et
si on peut faire cela avec le mental aussi, on se débarrasse de tous les rêves
imbéciles qui font que l'on est plus fatigué au réveil que quand on s'est couché
: c'est l'activité cellulaire du cerveau qui continue sans contrôle, et cela
fatigue beaucoup. Donc, une détente totale, une sorte de calme complet, sans
tension, où tout est arrêté. Mais ce n'est que le commencement.
Après, on fait un don de soi aussi total que possible, de tout,
du haut jusqu'en bas, du dehors jusqu'au dedans, et une suppression aussi totale
que possible de toute résistance de l'ego, et on commence à répéter son mantra —
son mantra si l'on en a un, ou n'importe quel mot qui a un pouvoir sur vous, une
parole qui jaillit du cœur, spontanément, comme une prière, et qui résume votre
aspiration. Au bout d'un certain nombre de répétitions, si vous en avez
l'habitude, vous entrez en transe. Et de cette transe on passe dans le sommeil.
La transe dure aussi longtemps qu'elle doit durer, et, tout naturellement,
spontanément, on passe dans le sommeil. Mais quand on revient de ce sommeil, on
se rappelle tout. Le sommeil a été comme une continuation de la transe.
Page
– 404
Au fond, le seul but du sommeil, c'est que le corps puisse
assimiler l'effet de la transe, que cet effet soit accepté partout et que le
corps fasse son travail naturel de la nuit en éliminant les toxines. Et quand on
se réveille, il n'y a pas cette trace d'alourdissement qui vient du sommeil :
l'effet de la transe continue.
Même pour ceux qui n'ont jamais été en transe, il est bon de
répéter un mantra, une parole, une prière avant de s'endormir. Mais il faut que
les mots aient une vie en soi; je ne veux pas dire une signification
intellectuelle, rien de ce genre, mais une vibration. Et sur le corps, l'effet
est extraordinaire : ça se met à vibrer, vibrer, vibrer... et tranquille, on se
laisse aller, comme si on voulait s'endormir. Et le corps vibre de plus en plus,
de plus en plus, et on s'en va. Cela, c'est la guérison du tamas.
Et c'est le tamas qui fait le mauvais sommeil. Il y a deux
sortes de mauvais sommeil : le sommeil qui vous alourdit, vous abrutit, comme si
l'on perdait tout effet de l'effort que l'on a fait la journée précédente; et le
sommeil qui vous éreinte, comme si l'on avait passé son temps à se battre. Et
j'ai remarqué que si l'on coupait son sommeil en tranches (c'est une habitude à
prendre), les nuits s'améliorent. C'est-à-dire qu'il faut pouvoir revenir à sa
conscience normale, à intervalles déterminés — revenir à l'appel de la
conscience... Mais il ne faut pas se servir d'un réveil ! quand on est en transe
ce n'est pas bon d'être secoué.
Au moment de s'en aller, on peut faire une formation, dire : "Je
me réveillerai à telle heure" (on fait cela très bien quand on est enfant). Pour
la première couche de sommeil, il faut compter au moins trois heures ; pour la
dernière, une heure suffit. Mais la première doit avoir trois heures minimum. Au
fond, il faudrait rester couché au moins sept heures; en six heures on n'a pas
le temps de faire grand-chose (naturellement, je me place au point de vue de la
sâdhanâ pour rendre les nuits utiles).
L'utilisation des nuits est une chose excellente, qui a un
double effet : un effet négatif, cela vous empêche de retomber en arrière,
Page
– 405
de perdre ce que vous avez gagné — et ça, c'est pénible —, et un effet
positif : vous faites un progrès, vous continuez votre progrès. On utilise la
nuit, alors il n'y a plus trace de fatigue.
Deux choses à supprimer : tomber dans l'abrutissement de
l'inconscience, avec toutes ces choses du subconscient et de l'inconscient qui
remontent, vous envahissent, vous pénètrent; et une suractivité vitale et
mentale où l'on passe son temps à se battre, littéralement — des batailles
terribles. Les gens en sortent moulus, comme s'ils avaient reçu des coups — et
ils les ont reçus, ce n'est pas "comme si" ! Et je ne vois qu'un moyen, c'est de
changer la nature du sommeil.
Page
– 406
|